la Batellerie et les mariniers en France pendant la Seconde Guerre mondiale

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25 kilomètres journaliers le long des canaux et surtout des rivières (en remontant le courant notamment), ils nous diraient qu'ils aimeraient mieux être chevaux de course, de fiacre même. Et je pense aux bateliers de la Volga en évoquant sur les canaux et les rivières picardes le patron Baudon tirant sur sa bricole, trainant doucement sa maison mouvante, le plus loin possible de cette géhenne des hommes.245 Le moteur électrique

Dans les mémoires, nous avons le détail de l’expérience d’une péniche à moteur électrique. Cette utilisation est anecdotique. Était-ce, en 1940, le manque de carburant du fait de l'occupation de notre territoire ou la publicité de la Maison Tudor fabriquant de batteries électriques, toujours est-il que la Société des Sablières de la Seine (ex Messageries Fluviales) équipa une de ses unités, une péniche Freycinet, d'un système de propulsion au moyen d'un alternateur fonctionnant sur batteries, de la même manière que les autocars moderne de certaines villes. Le choix se porta sur le « S.S.S. 72 » conduit par le capitaine Roger Cassez ; ce bateau fut donc équipé d'un moteur électrique alimenté par 22 tonnes de batteries Tudor débitant 220 volts ce qui lui assurait une autonomie de 8 heures pour une vitesse de 6 kilomètre/heure avec un chargement de 280 tonnes, ou lège pour 3 à 4 kilomètres/heure. Prévues pour le transport de farine, de Corbeil à Pantin, plusieurs postes permettaient de recharger ces nombreuses batteries. Ils étaient installés sur son parcours : Grigny, Vigneux, Port de la Rapée, écluse des Récollets et de Louis-le-Blanc sur le canal SaintMartin. Le capitaine devait s'organiser pour rejoindre l'un de ces postes pour la nuit afin de mettre les batteries en charge et être en mesure de reprendre la navigation le lendemain. Une telle installation n'était ni polluante ni bruyante, rien d'autre qu'un léger murmure. Tout en n'étant pas performante à cent pour cent, cette installation a quand même fonctionné de 1940 à 1946 mais il n'était guère possible de vouloir faire des exploits de vitesse, les batteries ne supportaient pas une décharge de longue durée. Les 22 tonnes de batterie étaient placées de droite à gauche de l'alternateur et encombraient toute la salle des machines. L'entretien pour la surveillance du niveau d'eau n'était pas très facile et le remplissage d’eau distillée demandait beaucoup d'adresse. Une telle installation n'aurait pu être généralisée dans la batellerie car il aurait été nécessaire d'installer des postes de recharge tous les deux ou trois kilomètres ainsi qu'aux écluses et dans les ports. L'achat aurait été trop onéreux quand on connaissait la durée de vie des batteries qui étaient remplacées au moins une fois en six ans si, entre temps, il n'était pas nécessaire d'en remplacer une par-ci par-là. En 1946, le service régulier fut annulé pour une raison qui nous échappe et la péniche reprit son service de transport de sable dans la région parisienne. Quand toutes les batteries furent retirées, il fallut remplacer toutes les tôles de bordé qui avaient été complètement rongées. De plus, malgré la pénurie de textiles, l'équipage reçut fréquemment des vêtements de rechange car continuellement rongés par l'acide.246 245 246

Petit parisien – 06/04/41 – page 1 et 3 François Berenwanger - Transporteur par eau, souvenirs de mon métier - n° 67 - 2012

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Archives, sources, bibliographie et Remerciements

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pages 318-326

Conclusion générale

7min
pages 313-317

Les épaves fluviales retrouvées en mer Les bateaux ayant de nos jours des noms liés à la

7min
pages 304-308

Les Forces Maritimes du Rhin

2min
page 303

Le retour des unités disséminées en Europe

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pages 280-295

La Société pour la Reconstruction et le Renouvellement du Parc Fluvial : la S.R.P.F

8min
pages 296-302

La reconstruction de la flotte et des ouvrages

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pages 277-278

Séquestre de bateaux allemands

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page 279

Les transports et réquisitions pour les Alliés

8min
pages 272-276

La Libération

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pages 267-268

Les destructions à la fin de la guerre

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pages 269-271

L'attente de la fin

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pages 256-257

les bombardements Anglo-Américains

8min
pages 241-245

La Résistance

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pages 253-255

Les derniers combats

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pages 251-252

les mitraillages alliés

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pages 246-250

Bilan

5min
pages 231-236

Le trafic pendant la guerre

7min
pages 224-230

La réforme administrative de l'O.N.N

1min
page 220

Le fichier de la batellerie

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page 219

Jean Berthelot

2min
pages 206-207

L'organisation en temps d'occupation

4min
pages 215-218

au service de l'Occupant

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page 214

Jean Bichelonne

7min
pages 208-213

Bilan

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pages 203-204

dans la Charte de la batellerie

2min
pages 198-202

L'organisation syndicale des artisans La redéfinition du statut d’artisan batelier

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page 197

Aller en Allemagne et en Belgique

5min
pages 178-182

L'opposition par Louis Louis

4min
pages 195-196

L'organisation de la profession et le trafic

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page 189

Le Reichland ou l’Alsace-Lorraine

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pages 174-177

La reconstruction après la Bataille de France

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pages 183-188

Les origines de la Charte de la batellerie

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pages 190-194

Dans la zone « libre »

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pages 171-173

Dans la zone occupée

2min
pages 169-170

le moteur électrique

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page 168

le carburant végétal

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pages 164-165

Une question d'énergie

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page 156

le remorquage

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pages 161-163

le halage mécanique

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pages 157-160

La justice et les autorités militaires

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pages 151-155

l’exemple du Luno

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pages 136-148

les « nez coupés »

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- les transports réquisitionnés Les relations quotidiennes

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pages 149-150

Le Service de Travail Obligatoire

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pages 126-130

Les réquisitions des bateaux

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pages 131-134

Le retour des prisonniers

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pages 114-125

Le service médico-social de la batellerie

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- bilan Un autre service social d’aide : le S.S.S.M.F

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L'Entr'aide Sociale Batelière - l'abbé Bellanger le fondateur - l'E.S.B. avant la guerre - le Je Sers en 1940 - l'action de l'association dans la nouvelle France - Les syndicats de l'E.S.B. - à la Libération

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pages 85-111

Le travail à terre

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pages 83-84

Le système D

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pages 77-80

Le vélo

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pages 70-72

Le troc et le marché noir

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pages 81-82

Le rationnement

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pages 74-76

Le ravitaillement

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Une géographie mentale particulière

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pages 68-69

Les destructions en 1940

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pages 66-67

Le retour au bateau

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La convention d'armistice

2min
pages 61-64

Une lutte idéologique dès 1939

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L'Exode

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pages 47-49

Les témoins racontent L'Exode de la batellerie .53.......................... P

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pages 50-60

La « Drôle de guerre »

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page 46

Les affectations spéciales

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pages 39-44

de sapeurs de navigation

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1938 la fin du Front Populaire

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Introduction

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Les « grandes » compagnies en 1936

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l'organisation de la batellerie à partir de 1934

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pages 15-18

Rouen un atout majeur sur la Seine

4min
pages 28-30

La crise économique de 1929

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page 14

1936 et le Front Populaire

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pages 19-20

Le statut d'artisan marinier de 1938

1min
page 26
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